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Est-ce la fin du règne Netanyahou?

Auteur : David Cohen, publié dans Le devoir, le 11 mars 2019

A près d’un mois des élections générales en Israël, le procureur général a déposé des accusations de fraude, d’abus de confiance et de corruption contre le premier ministre Netanyahou, chef du parti Likoud et de la coalition gouvernementale de droite. Ces accusations sont sujettes à des audiences permettant à Netanyahou de les réfuter.


Les récents sondages indiquent que le parti du centre Bleu et blanc reste en tête des partis mais avec une avance réduite sur son concurrent le Likoud mais que le bloc des partis de droite-extrême droite a plus de chances de former un gouvernement de coalition dirigé par Netanyahou. Ce dernier est toujours préféré à Gantz comme premier ministre.. Un parti religieux ultra nationaliste, une coalition des partis Foyer juif et Puissance juive, un parti adhérant à l’ idéologie raciste de l’ ancien parti Kach interdit en Israël et considéré comme terroriste aux États-Unis, serait invité dans la coalition dirigée par Netanyahou. Le parti Bleu et blanc résulte de la fusion de deux partis centristes Résilience Israël, dirigé par Benny Gantz, ancien chef d’état-major de Tsahal, et Yesh Atid, fondé par Yair Lapid, ancien ministre des finances dans le précèdent gouvernement Netanyahou. Si Gantz réussissait à former une coalition majoritaire, il en serait le leader pendant la première moitié du mandat alors que Lapid le remplacerait durant la seconde moitié.


La plupart des partis de droite-extrême droite affirment vouloir appuyer une coalition dirigée par Netanyahou, même si les accusations étaient maintenues après une procédure d’audiences qui prendrait un an. Leur appui serait toutefois retiré si Netanyahou était incriminé par une cour de justice, ce qui pourrait prendre plusieurs années.. La loi israélienne n’oblige pas le premier ministre à démissionner tant qu’il n’a pas été déclaré coupable.


Suite aux accusations portées contre lui, Netanyahou a accusé les élites, les gauchistes (sous-entendu, ceux qui appuient la solution à deux états), les medias, la police et la justice, d’avoir monté un coup contre sa personne pour faire entrer la gauche et les partis arabes (tous non-sionistes) au gouvernement, une accusation populiste sans fondement. Gantz a déclaré que sa coalition n’accepterait que des partis sionistes (ce qui exclut les partis arabes), ce qui réduirait nettement ses chances de former une coalition centre-gauche. Mais si son parti se maintenait en tête, il envisagerait de proposer au Likoud une coalition centre-droite sans Netanyahou, une option rejetée par le Likoud.


Gantz a renforcé son parti sur les questions de sécurité, un enjeu constant, en attirant deux autres anciens chefs d’état-major dont Gaby Ashkenazi et Moshé Ya'llon, ancien ministre de la défense, même si les questions d’économie et de logement sont la grande priorité des électeurs. Le parti est fermement uni pour mettre fin au règne de Netanyahou. Pour le reste, l’ idéologie de ses membres est disparate, en particulier sur la question palestinienne et c’ est pour cela qu’il demeure flou sur la question.


La question palestinienne d’abord.

Le parti Bleu et blanc reste ouvert à des accommodements, comme par exemple la recherche d’un accord avec les Palestiniens et le renforcement du gros bloc de colonies près de la frontière de 1967. Il compte maintenir l’annexion de Jérusalem-Est, le Golan et conserver le contrôle militaire israélien de la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie tout en maintenant une « liberté d’action pour Tsahal partout ». Sur la question du retour des réfugiés en Israël, c’est un non catégorique. Quant à la solution à deux états, le programme demeure flou. Au final, les positions du parti Bleu et blanc et de Netanyahou sont proches excepté pour l’avenir des colonies isolées dont le statut n’est pas clair. Notons que ce programme se situe aux antipodes de ce que réclament les Palestiniens et les états arabes soi-disant « amis» d’Israël.


La loi sur l’État-nation

Le second dossier concerne la loi sur l’état-nation adoptée par la Knesset mais à laquelle tous les partis d’opposition s’opposent, en raison de son caractère discriminatoire à l’endroit des Arabes israéliens. Gantz s’engage à amender la loi pour la rendre plus respectueuse du droit des minorités.


Netanyahou réélu?

Quelles sont les chances que Netanyahou demeure au pouvoir après les élections du mois prochain? S’il réussissait à créer une coalition de droite encore plus extrémiste, un scénario réaliste, Il pourrait tant bien que mal gouverner pendant un an jusqu’à la fin des audiences concernant les accusations qui sont portées contre lui. Si les accusations du procureur étaient maintenues au terme de ces audiences, un scénario hautement probable, ses jours seraient comptés. Surtout que le procureur général a agi avec grande prudence avant de porter ses accusations en écartant par exemple certaines accusations de corruption de la police contre Netanyahou. A plus ou moins brève échéance, si Netanyahou devenait un boulet politique pour son parti et la coalition, ses amis le pousseraient eux-mêmes vers la sortie.

#Netanyahou

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