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Rien ne va plus entre Netanyahou, Trump et la communauté juive américaine

Publié par David Cohen, La Presse+, le 23 Aout 2019


Suite à la controverse déclenchée par le voyage manqué des élues américaines Rashida Tlaib et Ohlan Omar dans les territoires palestiniens occupés, il est utile d’analyser les conséquences politiques et qui pourrait gagner et perdre à la suite de cette saga ?


Les Gagnants

Le mouvement BDS pourrait voir sa notoriété croitre aux États-Unis (EU) mais il demeure un mouvement marginal dans le pays. Ainsi, la Chambre des représentants a voté massivement une résolution anti-BDS dernièrement.


Le parti démocrate américain qui comprend une faction radicale minoritaire, ressort plus uni suite à la défense des deux élues par leurs collègues démocrates, y compris ceux qui les avaient ouvertement rabroués il y quelques mois pour leurs propos anti-israéliens voire antisémites (dans le cas d’Omar).


Il est peu probable que la stratégie de Trump de dépeindre le Parti démocrate comme un parti antisémite et les juifs votant démocrate de « déloyal » convaincra les électeurs. Plusieurs leaders, juifs et non-juifs , démocrates (surtout) et républicains ont condamné le président, soulignant qu’il utilisait là des propos outranciers et pour certains, un trope antisémite dangereux.


Les leaders de l’opposition en Israël ont tous critiqué Netanyahou pour avoir hypothéqué les relations avec le parti démocrate, menaçant ainsi le soutien bipartisan (démocrate/républicain) de l’État hébreu.


Netanyahou est hautement redevable à Trump suite à la reconnaissance de Jérusalem par les EU comme la capitale d’Israël et de l’annexion par Israël du Golan, l’approbation tacite américaine de l’expansion des colonies, et les coupes drastiques dans l’aide américaine aux Palestiniens. Le plan de paix américain devrait être annoncé bientôt et Netanyahou veut éviter d’irriter le « bienfaiteur d’Israël ».


Les Perdants

L’État d’Israël pourrait être le plus grand perdant dans cette saga. Netanyahou a mis à mal pour une seconde fois la relation entre Israël et le parti démocrate. La première est survenue lorsque Netanyahou avait ouvertement critiqué Obama devant le congrès américain sur la question nucléaire iranienne. Israël en avait payé le prix lorsque les EU avaient refusé de bloquer la résolution du conseil de sécurité en 2016 qui dénonçait la politique de colonisation d’Israël.


Dans l’éventualité d’une administration démocrate en 2020, il est probable qu’elle soit moins bienveillante à l’endroit d’Israël si Netanyahou demeurait premier ministre. Déjà plusieurs candidats démocrates tels que Joe Biden, Bernie, Sanders et Elizabeth Warren ont ouvertement critiqué la politique de Netanyahou envers les Palestiniens et certains comme Sanders sont prêt à utiliser le levier de l’aide militaire pour faire bouger Israël. Mais Il est peu probable que la relation privilégiée au plan militaire entre les deux pays en soit affectée à long terme à moins que les intérêts américains et israéliens divergent.


La relation entre les institutions de la communauté juive américaine et le gouvernement Netanyahou va de mal en pis depuis l’élection de Trump. Ces institutions qui sont pour la plupart bipartisanes et pro-Israël partagent les valeurs libérales américaines (respect de la cour suprême, primauté de la démocratie sur la religion, respect de la diversité religieuse, ouverture aux réfugiés de couleur, respect des minorités et antiracisme, vision des deux états) qui sont systématiquement sujettes aux critiques des politiciens de droite/extrême droite ou mis en danger par les lois du gouvernement. Les frictions vont de la discrimination envers les communautés juives non orthodoxes, importantes aux EU, et la minorité arabe israélienne, à la volonté de Netanyahou d’accélérer la colonisation. La proximité de vues entre Netanyahou et Trump rendent plus difficiles la défense des intérêts d’Israël par les institutions juives. Il faut savoir que les électeurs juifs américains votent en très grande majorité démocrate et plus encore depuis l’accession de Trump à la présidence.


Depuis l’arrivée de Trump, Netanyahu a rabaissé l’importance de la communauté juive américaine dans le lobbying pro-Israël. Elle a été remplacée par les évangélistes chrétiens dont la démographie est 13 fois plus importante que la communauté juive comme principale source de soutien du gouvernement Netanyahou aux États-Unis.

Tant Netanyahou que Trump sont préoccupés par leur réélection et les gestes qu’ils ont posés ne visent qu’à assurer leur survie politique. Les sondages montrent qu’une victoire de Netanyahou aux élections du 17 septembre n’est pas évidente.

#Netanyahou, #Trump, #Communautéjuiveaméricaine

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